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#A LA UNE #COMMUNICATION

Harcèlement sexuel, proposition de promotion, drague assidue et insistante : Les femmes journalistes déballent tout

©AfreePress-(Lomé, le 15 janvier 2020)- Le harcèlement sexuel en milieu professionnel est défini comme « toute conduite non souhaitée, de nature sexuelle qui interfère avec le travail, conditionne l’emploi ou le déroulement normal de la carrière ou crée un environnement de travail intimidant ». C’est en somme, une forme de violence contre les femmes et/ou les hommes (cas rare) et perçue comme un traitement discriminatoire basé sur des avances sexuelles importunes et indésirables, des demandes de faveurs sexuelles et autre contact verbal ou physique de nature sexuelle. Le phénomène prend en compte, à la fois des violences physiques et des formes plus subtiles de pression, telle que la contrainte qui est le fait d’obliger une personne à faire quelque chose contre sa volonté.

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Le harcèlement sexuel peut se dissimuler derrière certaines petites « blagues » à caractère sexuel et de façon répétée, des invitations constantes (indésirables). Il peut aussi se manifester sous la forme d’attouchements ou caresses sur une personne de façon inappropriée et contre son avis.

Le phénomène loin d’être limité aux lieux de travail, peut également se manifester dans des groupes non formels comme les associations, les regroupements religieux. Les victimes renoncent souvent à porter plainte par manque de preuves ou par peur de représailles.

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Quelle est la situation dans les médias togolais ? Nous faisons une plongée dans les méandres des rédactions et remontons à la surface avec certaines réalités cachées et méconnues.

Dans les médias togolais à l’instar des autres secteurs d’activité, elles sont nombreuses à subir le harcèlement sexuel au quotidien sans avoir le courage d’en parler pour que des mesures soient prises pour les protéger. Dans ce dossier, l’Agence de presse AfreePress vous propose des témoignages poignants recueillis auprès des journalistes des médias publics comme privés sur le harcèlement qu’elles ou qu’ils subissent au quotidien de la part de leurs supérieurs ou de leurs collègues.

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Etonam Sossou, journaliste-reporter au journal « L’Union pour la Patrie » témoigne : Le harcèlement sexuel dans les médias, avance-t-elle, n’est pas une chose nouvelle. Il se manifeste aussi bien dans les rédactions que sur le terrain (lieux de reportage) où les jeunes filles sont harcelées. « Personnellement, j’ai eu à faire face à ce phénomène quelquefois dans l’exécution de mon travail », a-t-elle confié.

Cette autre journaliste officie à la télévision nationale (TVT). Elle a accepté de se confier à nous, mais sous le sceau de l’anonymat. Nous l’appellerons donc Sylvie. Jeune, belle et séduisante, Sylvie avoue avoir été la cible à plusieurs reprises de personnes à la libido incontrôlable dans le cadre du travail et déballe toutes les formes de harcèlement que subissent les jeunes journalistes et stagiaires dans certains médias publics de notre pays.

« Le phénomène commence par des appréciations. De jour en jour toi la femme, tu te rends compte que derrière ces appréciations, se cache autre chose qui sort de la relation entre collègues ou amis du même service. Pour vous donner une idée sur la chose. Ce sont souvent les supérieurs qui harcelèrent. Quand ils te voient des fois, ils ont envie de te toucher, de te faire des câlins. Des fois, c’est totalement inattendu, il sort de nulle part pour te chatouiller l’épaule alors qu’au fond de toi, ça ne te plaît pas. Certains hommes, ont cette habitude de vouloir te prendre dans leurs bras. Pour couronner le tout, ils prétendent exprimer leur amitié envers toi. Alors que tu connais bien son intention. Des fois, si ce n’est pas des compliments exagérés, certains vont jusqu’à te toucher les fesses devant les autres collègues », s’est-elle désolée.

Le harcèlement au travail est devenu un phénomène normal, voire « naturel ». Mais il détruit la carrière de plein de jeunes journalistes qui sont parfois atteintes sur le plan moral et professionnel.

Certains responsables sont même bien connus pour être de fidèles adeptes de ces pratiques. Il devient presque impossible aux jeunes filles d’échapper au phénomène et d’exercer confortablement leur métier, regrette Sylvie.

C’est une situation qui doit interpeller plus d’uns. Selon Sylvie, le harceleur, lorsqu’il n’obtient pas ce qu’il désire, le harcèlement sexuel se transforme très vite en harcèlement moral et psychologique. Celui-ci n’hésite pas à profiter de sa position pour infliger arbitrairement des sanctions, et même user de son pouvoir pour rendre la vie difficile à la femme qui refuse ses avances.

Et les femmes mariées du secteur ne sont pas épargnées. Les révélations de cette jeune journaliste de la télévision sont confirmées par une deuxième. Celle-ci est mariée et mère de plusieurs enfants. Elle officie dans la plus grande Agence de presse de la place. Cette dernière a également requis l’anonymat. Nous l’appellerons Akoko (nom d’emprunt).

« Que tu sois fille ou femme, les hommes ne semblent pas avoir de tabous. Dans un métier comme le nôtre, qu’on soit d’un média public ou privé, les gens pensent que nous vivons dans la précarité et ils ne manquent aucune occasion pour nous faire des propositions, même les plus indécentes, pensant que ce serait aussi facile de nous avoir. Que ce soit au niveau des organisateurs d’événements ou de nos collègues ou même de nos chefs, le harcèlement existe. Nos chefs nous proposent des promotions, des avancements et d’autres avantages. Les collègues finissent par monnayer les relations professionnelles en proposant des sorties à des lieux impensables », a-t-elle laissé entendre.

Les moyens de pression du harceleur…

Ce n’est un secret pour personne. Un harceleur qui se sent menacé, recourt aux menaces. Il rêve de vengeance juste dans le but d’obliger sa victime à craquer et à accepter ses avances ou à lui faire regretter son refus.

Les journalistes interrogées n’ont pas manqué de revenir sur ce qu’elles qualifient de moyens de pression des harceleurs.

« À cause de leur désir non satisfait, ils font tout pour bloquer les opportunités qui se présentent à de jeunes filles pouvant les aider à progresser dans le métier. Si c’est une formation, ou un projet qui va te permettre d’aller loin, tu es automatiquement écartée. Ce qui amène certaines jeunes filles à démissionner », déplore-t-elle.

Le harcèlement se passe aussi sur les lieux de reportage. En dehors des rédactions, les filles journalistes sont aussi harcelées sur les lieux de reportage par des Directeurs de communication, attachés de presse ou conseillers en communication des institutions et organisations internationales de la place. Certains n’hésitent pas à récupérer sur les listes de présence, les numéros des journalistes qu’ils ont repérés. Ensuite, ils les appellent et les invitent à des rencontres privées et à des soirées à deux.

Le harcèlement peut être évité sur les lieux de reportage. Mais certains harceleurs sont de véritables teignes.

Un autre aspect relevé par les personnes interrogées dans le cadre de ce dossier tient au fait que certains organisateurs d’événement choisissent eux-mêmes la personne devant venir couvrir leur événement. C’est un moyen pour ces derniers de mettre la pression sur leurs victimes et en cas de refus des avances de ceux-ci, ils n’hésitent pas à retirer le nom de l’organe de leur liste des médias, partenaires et des médias privilégiés, a témoigné Christelle Agnindom, journaliste web à « Lomegraph ».

Il faut signaler que certaines jeunes filles approchées dans le cadre de ce dossier ont catégoriquement refusé de parler. Elles estiment que le harcèlement est un sujet sensible qui peut leur causer des problèmes dans leur rédaction. Avec une telle réponse, il est clair qu’elles en savent beaucoup sur le phénomène, mais refusent de prendre des risques pour en parler.

À quand la libération de parole ?

Pour venir à bout de ce phénomène au sein de la société togolaise en général et dans les médias en particulier, il faut commencer par dénoncer les cas de harcèlement. Aujourd’hui, le Togo est l’un des pays d’Afrique qui travaille ardemment pour la promotion et l’autonomisation de la femme. Et les exemples sont légions pour le prouver avec des femmes nommées à la présidence de l’Assemblée nationale, à la Primature, au Secrétariat de la présidence de la République et à d’autres postes de décision.

Alors si celles qui appartiennent au 4e pouvoir et qui doivent informer les populations sont harcelées quotidiennement sur leur lieu de travail sans pouvoir se défendre ni lever la voix pour dire un seul mot, alors c’est tout le pays qui devient malade.

« Ce qui manque, c’est le courage et la garantie que si on en parle, il y aura une oreille attentive pour nous écouter avec la certitude que nous aurons gain de cause et que des mesures dissuasives seront prises vis-à-vis des harceleurs. Sinon, ce n’est pas la peine. Dénoncer un cas de harcèlement, c’est prendre d’énormes risques. Si tu n’es pas écouté et que rien n’est fait, le harceleur sera toujours là, et cette fois-ci pour te pourrir la vie », a analysé la jeune journaliste, Christelle Agnindom.

Ce que dit la loi

Au Togo, le Code du travail interdit le harcèlement sexuel et exige qu’aucun employé ne soit rejeté ou sanctionné pour avoir refusé des faveurs sexuelles à son employeur ou à toute autre personne.

Et selon les articles 40 et 301 du Code du Travail de 2011, le harcèlement sexuel est passible d’une amende de cent mille à un million (1.000.000) de francs et une peine d’emprisonnement allant de trois mois à six mois (ou une de ces peines). En cas de récidive, la peine est doublée (Source : Articles 40 & 301 du Code du Travail de 2011).

Il faut noter dans certains, les femmes dans les médias ont pris leur destin en main. Regroupées en association, celles-ci ont élaboré une charte de « bonne conduite contre le harcèlement sexuel » qui est soumise à la signature des entreprises de presse. C’est le cas de la France. À travers ladite charte, les signataires se sont engagés à « informer leurs collaborateurs de ce qu’est le harcèlement et des peines encourues, à sensibiliser tout nouveau collaborateur sur ce sujet et à mettre en place un dispositif pour écouter puis aider les victimes ou témoins d’un acte répréhensible ».

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