©AfreePress-(Lomé, 18 juillet 2021)- Installé au Togo depuis 1972, le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) œuvre pour l’accès universel des femmes et des jeunes filles à des services de santé sexuelle et de la reproduction. Cette organisation travaille ardemment pour la promotion des droits à la procréation, la réduction de la mortalité maternelle et l’accélération des progrès vers la réalisation du Plan d’Action de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement.
L’UNFPA soutient également les gouvernants dans la production de données démographiques de qualité destinées à assurer une bonne planification du développement du pays. Pour une première fois, la Représentante résidente de l’UNFPA au Togo, Dr Josiane YAGUIBOU s’ouvre à la presse et revient en détail sur les missions de son organisation, les moyens dont elle dispose pour la réalisation de ces missions et parle du travail abattu jusqu’ici pour la tenue et la réussite de la Campagne « Génération Egalité » qui s’est déroulée le 3 juillet dernier à Paris. Lisez plutôt.
Bonjour Madame la Représentante résidente du Fonds des Nations Unies pour la population au Togo. Tous les Togolais connaissent le sens du sigle UNFPA. Mais il y en a qui ne savent pas ce que fait réellement l’UNFPA. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet?
Josiane YAGUIBOU : Le Fonds des Nations Unies pour la Population, en abrégé, UNFPA (United Nations Funds for Populations Activities) est l’agence des Nations Unies leader en santé sexuelle et de la reproduction. C’est l’agence des Nations Unies pour la Jeunesse et les Femmes. L’agence a vu le jour en 1967 et s’est installée au Togo en 1972. L’UNFPA travaille à réaliser un accès universel à la santé sexuelle et de la reproduction, promouvoir les droits à la procréation, réduire la mortalité maternelle et accélérer les progrès vers la réalisation du Plan d’Action de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement. L’agence accompagne également les gouvernements dans la production des données démographiques pour assurer une bonne planification du développement. L’UNFPA prône des choix et des droits pour tous.
Comment le Bureau UNFPA/Togo est-il structuré ?
Josiane YAGUIBOU : Le bureau de l’UNFPA TOGO est dirigé par une équipe multidisciplinaire avec à sa tête, la Représentante Résidente, Mme Josiane YAGUIBOU, assistée dans ses tâches managériale par le Représentant Assistant et un Chargé des Opérations.
Du point de vue structurelle, le Bureau pays est composé du Cabinet de la Représentation, du département des programmes et du département des Opérations (administration, finances, ressources humaines, etc.) Le bureau dispose au total d’une trentaine de staffs.
Du point de vue programmatique, on peut regrouper les interventions de l’UNFPA sous trois composantes majeures à savoir :
• Composante 1 : Santé de la reproduction (SR) et Planification familiale y compris la Santé Sexuelle et de la Reproduction des Adolescents et Jeunes ainsi que et VIH (SRAJ/VIH);
• Composante 2 : Population et Développement ;
• Composante 3 : Genre et Droits Humains.
L’UNFPA rêve d’un monde où chaque grossesse est désirée ; chaque accouchement sans danger et le potentiel de chaque jeune est accompli. L’Agence œuvre à l’atteinte des trois (3) résultats transformateurs d’ici 2030 à savoir :
• Mettre fin aux décès maternels évitables,
• Mettre fin aux besoins non satisfaits en Planification Familiale,
• Mettre fin aux violences faites aux femmes et aux filles y compris les pratiques traditionnelles néfastes.
D’où lui viennent ses moyens pour l’atteinte de ses objectifs au Togo ?
Josiane YAGUIBOU : Les ressources financières de l’UNFPA, dans tous les pays y compris le Togo, proviennent essentiellement des ressources régulières du siège à New York. Ces ressources sont mobilisées auprès des Etats membres, des donateurs et des fondations. Si presque tous les pays membres de l’agence contribuent à ces ressources, il faut signaler que les pays d’Europe occidentale, les Etats Unis d’Amérique et le Japon sont les plus gros contributeurs de ces ressources régulières que le Siège redistribue aux Bureaux pays.
A ces ressources dites « régulières », s’ajoutent des ressources additionnelles mobilisables pour des thématiques spécifiques (genre, violences basées sur le genre, santé de la reproduction, recensement, etc.) auprès des partenaires traditionnels et autres ambassades et banques de développement.
Quels sont les grands domaines d’intervention de l’UNFPA au Togo ?
Josiane YAGUIBOU : Comme j’ai eu à le dire plus haut, l’UNFPA rêve d’un monde où chaque grossesse est désirée ; chaque accouchement sans danger et le potentiel de chaque jeune est accompli. L’Agence œuvre à l’atteinte des trois (3) résultats transformateurs d’ici 2030 à savoir :
• Mettre fin aux décès maternels évitables ;
• Mettre fin aux besoins non satisfaits en Planification Familiale ;
• Mettre fin aux violences faites aux femmes et aux filles y compris les pratiques traditionnelles néfastes.
En vue d’atteindre les résultats transformateurs, l’UNFPA mène des interventions spécifiques pour :
Mettre fin aux décès maternels évitables,
Renforcer les Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence (SONU),
Lutter contre la fistule obstétricale,
Renforcer les capacités des prestataires de santé pour une amélioration des services,
Appuyer en équipements et matériels médicaux,
Promouvoir la pratique sage-femme,
Mettre fin aux besoins non satisfaits en matière de planification familiale,
Distribution à Base Communautaire de méthodes de Planification Familiale (DBC),
Mettre à disposition, des cliniques mobiles d’offre de services intégrés en Santé de Reproduction (SR),
Mener des campagnes de Promotion de l’utilisation des préservatifs masculins et féminins,
Implication des hommes dans la santé maternelle et infantile à travers les Comités d’hommes et Clubs des Mères pour renforcer la demande des services SR,
Promouvoir la santé sexuelle et de reproduction des adolescents et jeunes,
Création de formations sanitaires adaptées et de centres d’offre de services adaptés aux Jeunes,
La mise en place des infirmeries scolaires pour l’offre de services SR/PF,
Des campagnes de lutte contre les grossesses dans les établissements scolaires et les centres d’apprentissage pour contribuer à la réduction des grossesses précoces et non désirées,
Mettre fin aux Violences Basées sur le Genre et les Pratiques néfastes aux femmes et aux filles,
Mettre en place des centres d’écoute pour lutter contre les Violences Basées sur le Genre (VBG),
Renforcement des capacités des différents acteurs impliqués dans la prise en charge des victimes de VBG,
La mise en place des Comités d’hommes et Clubs des Mères dans les villages pour lutter contre les Violences Basées sur le Genre (VBG),
Renforcer la disponibilité des données démographiques et exploiter le Dividende Démographique,
La collecte et production des données démographiques,
La promotion du Programme d’Action de la Conférence Internationale sur la Population et le
Développement (CIPD) et du Dividende Démographique,
Appui à l’autonomisation des jeunes.
A combien peut-on évaluer les investissements de l’UNFPA au Togo en 2020 et qu’est-ce qui est prévu pour le compte de l’année 2021 ?
Josiane YAGUIBOU : Pour l’année 2020, le budget pour la mise en œuvre du programme pays de l’UNFPA Togo s’élevait à 4 967 850 USD soit environ 2 655 822 348 XOF (deux milliard six cent cinquante-cinq millions huit cent vingt-deux mille trois-cent quarante-huit francs CFA).
Ces ressources ont servi à l’acquisition directe de produits liés à la santé de la reproduction, à l’acquisition des équipements de protection contre la COVID-19, l’acquisition des équipements pour le RGPH-5 et pour la mise en œuvre des programmes au Togo avec un taux d’exécution de 99% au 31 décembre 2020.
En 2020, l’UNFPA Togo a dépassé ses objectifs en matière de mobilisation de ressources qui doivent être utilisées sur les années 2020 et 2021.
Ainsi l’UNFPA Togo a pu :
Mobiliser, avec l’aide de son siège à New York et de ses partenaires nationaux, 1 400 000 USD auprès de la firme pharmaceutique Japonaise TAKEDA pour soutenir le renforcement de l’offre de services en santé maternelle en période de COVID-19 ;
Mobiliser 300 000 dollars Canadien auprès de l’Ambassade du Canada pour soutenir l’effort du Gouvernement dans la mise en place d’une stratégie de suivi des cas contacts à la COVID-19 dans les régions centrale et Savanes ;
Mobiliser auprès de la GIZ, 200 000 EUR pour la mise en œuvre du RGPH-5 et le renforcement du volet mobilisation communautaire et le renforcement des capacités, 100 000 USD auprès de l’UNICEF Togo pour l’appui à l’acquisition du matériel informatique pour la cartographie censitaire et 146 568 188 XOF de ressources étatiques pour la commande des équipements roulants.
L’UNFPA se tient aux côtés du gouvernement togolais dans le cadre du Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH5) qui va bientôt démarrer au Togo. Pouvez-vous nous dire ce qui est fait jusqu’ici pour aller vers ce recensement ?
Josiane YAGUIBOU : Par décret portant organisation du 5ème Recensement Général de la Population, de l’Habitat et des enquêtes intercensitaires, le Gouvernement togolais s’est résolument engagé dans le processus de son 5ème RGPH après celui de 2010. A ce jour des avancées significatives sont enregistrées dans le processus :
– Avec l’accompagnement technique et financier de l’UNFPA, Chef de File des PTF autour du RGPH5, le document de projet assorti du chronogramme et du budget détaillé est élaboré avec l’appui d’un consultant international depuis en 2017 et actualisé en 2020 tenant compte des impacts de la COVID-19 ;
– Le questionnaire du RGPH5 est élaboré et finalisé suite à un atelier de concertation Producteurs/Utilisateurs des données en 2019 ;
– Les manuels méthodologiques pour la cartographie censitaire, le recensement pilote et le dénombrement exhaustif sont disponibles entre 2018 et 2020 ;
– La cartographie censitaire pilote a été réalisée en décembre 2020 ;
– Les équipements informatiques et le matériel roulant sont commandés en 2020 et réceptionnés en 2021 ;
– Sur le plan de la mobilisation des ressources, sur un budget total de 8,7 milliards F CFA, 7,9 milliards F CFA sont déjà mobilisés, soit 90%, dont 2,4 milliards F CFA de l’Etat togolais ;
– Les PTF impliqués dans le financement de l’opération sont : BM, l’UNFPA, la CEA, GIZ, PNUD, UNICEF et l’Etat du Japon ; des requêtes sont également adressées à la Chine, afin de résorber le gap.
Dans ce processus de recensement, quelles sont les prochaines étapes à franchir ?
Josiane YAGUIBOU : Les étapes imminentes dans le processus du RGPH5 sont :
– La poursuite de la mobilisation des ressources pour combler le gap budgétaire résiduel ;
– Le renforcement des capacités des Comité Locaux du Recensement mis en place dans les préfectures ;
– La formation des Agents cartographes du 14 juin au 4 Juillet 2021 ;
– La sensibilisation pour la mobilisation sociale et communautaire en faveur du RGPH5 ;
– La cartographie censitaire principale qui démarrera immédiatement après la formation.
– Le recensement pilote au cours de la cartographie censitaire principale ;
– Le traitement des données cartographiques et la mise à jour des cartes des zones de dénombrement ;
– Le dénombrement exhaustif ;
– La tabulation et l’analyse des données ;
– La sortie des résultats provisoires du RGPH5 ;
– L’Enquête Post-censitaire ;
– L’appariement des données du dénombrement et de l’EPC ;
– La publication des résultats définitifs du RGPH5 ;
– L’élaboration des rapports thématiques et des Atlas démographiques.
Le 24 mars dernier, votre organisation en partenariat avec l’Assemblée Nationale, a procédé au lancement officiel de la plateforme virtuelle 1000 jeunes filles. De quoi s’agit-il et quelles sont ses finalités ?
Josiane YAGUIBOU : Dans le cadre de la célébration de Beijing+25, l’UNFPA Togo, sous le leadership de la Présidente de l’Assemblée Nationale, conduit un plaidoyer de haut niveau intitulé « When Africa Women Lead » avec la participation de cinq autres pays de la sous-région ouest africaine (Bénin, Burkina Faso, Ghana, Guinée, Libéria). L’objectif de cette activité est de permettre aux filles et aux femmes africaines de faire valoir leur vision dans la Campagne « Génération Egalité » dont l’apothéose sera le Forum Mondial qui se tient actuellement à Paris. Ce plaidoyer comprend deux volets : la mobilisation de 1000 jeunes filles et le plaidoyer de haut niveau des femmes influentes d’Afrique qui se soldera par l’ « Appel de Lomé » qui est la Déclaration Africaine sur la « Génération Egalité » sous le titre « la femme africaine que nous voulons être d’ici 2063.»
La plateforme www.1000Girls.org contribue à faire entendre la voix de la jeune fille africaine et faire valoir sa vision dans la Campagne « Génération Egalité ». Il s’agit surtout de donner une opportunité aux filles africaines de formuler et de partager leur vision pour 2063 sous le thème : « la Femme Africaine que nous voulons être à l’horizon 2063 » et contribuer ainsi à bâtir l’Agenda de Beijing +25.
Toutes les analyses montrent que, les jeunes filles disposent d’un esprit très créatif, elles sont très résilientes et entrepreneuriales. En plus elles sont très ouvertes aux innovations y compris l’utilisation des nouvelles technologies. Il est clair que si elles avaient plus d’opportunités de renforcer leurs capacités plus particulièrement dans les domaines traditionnellement réservés aux hommes, si les stéréotypes et les normes sociales négatives étaient éradiqués pour leur permettre de réaliser pleinement leur potentiel, elles pourraient transformer la vie politique, économique et sociale du continent. L’égalité entre les sexes est essentielle pour l’Afrique afin de bénéficier des avantages de la capture du dividende démographique.
Votre organisation apporte un important soutien et accompagnement aux organisations de la société civile de notre pays. Ces actions, sont-elles efficaces, selon vous et profitent-elles aux Togolais ?
Josiane YAGUIBOU : Absolument ! Le choix des OSC comme partenaires de mise en œuvre de certains volets du programme de coopération conclu avec le gouvernement est fondé sur leur agilité, leur proximité avec la population et la garantie d’un service qui est véritablement en adéquation avec les besoins réels de ces populations.
Les OSC se rendent dans les communautés pour offrir des services de santé sexuelle et reproductive, de lutte contre le VIH, les violences basées sur le genre, etc. Elles font du plaidoyer auprès des leaders pour améliorer la situation des femmes et des jeunes, elles communiquent pour un changement de comportement, elles mettent des produits (contraceptifs, moustiquaires, matériels de protection contre la Covid-19) à la disposition des communautés. Oui, leurs actions sont efficaces et profitent directement aux populations. Et celles avec qui nous travaillons ont toute notre confiance.
Interview réalisée par Olivier A.