©AfreePress-(Lomé, le 19 juillet 2023)-Mercredi 19 juillet 2023, marque le Nouvel An Kamit, c’est-à-dire le premier jour du calendrier africain pour l’année 6260.
Au Togo, les activités de cet événement ont été lancées, mardi 18 juillet 2023, par les premiers responsables de l’association « Afrocentricité Internationale Togo (AI-Togo) », lors d’une conférence tenue à son siège basé à Lomé. L’occasion pour eux de réitérer leur appel à la renaissance africaine afin d’amorcer un véritable développement du continent et d’instaurer un climat de respect envers les sociétés noires.
« Nous aspirons à une renaissance africaine, à placer les valeurs noires au cœur de notre quotidien à travers la culture qui englobe, selon l’UNESCO, la science, l’économie, la croyance, etc. Actuellement, l’Afrique peine sur les plans économique, sécuritaire et de l’estime de soi. Mais nous croyons qu’à travers cette renaissance, nous pourrons retrouver tout ce que le continent a perdu et remonter dans le concert des Nations », a indiqué Dr Koffi Klouvi, Shenuty (1er responsable) de l’AI-Togo.
Selon cette association, la spiritualité et la religion constituent l’un des principaux facteurs qui entravent la renaissance des peuples noirs.
« C’est une forme de vagabondage : les Noirs se disent chrétiens, juifs, musulmans, bouddhistes, hindouistes, francs-maçons, rosicruciens, mais rarement eux-mêmes. On a réussi à leur inculquer méthodiquement que leur spiritualité et leur religion sont superstitieuses. Ils disent : “Les pratiques de mes ancêtres villageois ne sont pas esthétiques, c’est répugnant, c’est sale”. Ils ne se demandent pas qui viendra laver cette saleté dont ils ne comprennent pas la véritable nature. Pourquoi les choses considérées sales, répugnantes et sataniques chez les Noirs sont-elles recherchées par les Blancs ? Cheick Anta Diop disait : “Le mal que l’occupant nous a fait n’est pas guéri, et même quand on croit s’en être débarrassé, ce n’est pas encore le cas”. S’approprier sa culture, c’est s’approprier son véritable passé, sa spiritualité : tout sur Terre a une dimension spirituelle. Les Noirs doivent cesser de produire des bananes en prétendant être des manguiers. On ne peut être autre que soi-même. Nous sommes des Africains par notre culture et nous ne pouvons-nous en défaire », a déclaré pour sa part Dr Sodjehoun Apeti, deuxième Shenuty de l’AI-Togo.
Partant de cette logique, les dirigeants du continent sont appelés à intégrer la culture dans les projets d’unité africaine.
« En effet, la politique, l’économie, la science et la technique, la communication, la santé, la nutrition, la philosophie, la métaphysique, la religion et la spiritualité n’ont de sens qu’en fonction de la culture, fruit des théories et expériences antérieures. Soixante ans plus tard, la culture est toujours considérée comme accessoire, l’Union Africaine copie l’Union Européenne. En lui accordant une place centrale, nous pourrons poser des bases solides pour définir notre identité. Rien n’est universel, chaque peuple considère comme universelle sa vision épistémologique du monde et travaille pour la maintenir et la perpétuer », a souligné Dr Apeti.
Il sied de rappeler que le calendrier africain est le plus ancien au monde. Il est basé sur l’agriculture et le lever du soleil en lien avec l’étoile polaire, Sirius. Ce calendrier est composé de 12 mois, avec 3 semaines de 10 jours, qui ne se chevauchent jamais, totalisant ainsi 360 jours, et chaque jour comprend 24 heures, justifiant ainsi l’invention de l’horloge par nos ancêtres. Les 5 jours supplémentaires étaient attribués aux nétérous primordiaux (3 fils et 2 filles qui ont engendré l’humanité). Les 5 heures, 48 minutes… s’accumulaient pour former 1460 jours supplémentaires, correspondant à l’année bissextile grégorienne tous les 4 ans.
Pour les Kamits, « le calendrier kamit est véritablement le seul calendrier intelligent qui ait jamais existé dans l’histoire de l’humanité… Tout comme pour la géométrie, les Africains ont été les inventeurs exclusifs du calendrier, celui-là même qui, à peine réformé, régit notre vie aujourd’hui ».
Anika A.