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#A LA UNE #SECURITE

Terrorisme : Les déplacés internes face aux difficultés d’accès aux terres cultivables

©AfreePress-(Lomé, le 20 juillet 2023)-La crise sécuritaire liée au terrorisme, a contraint plusieurs personnes à fuir leurs localités d’origine dans le nord du pays. En majorité, cees agriculteurs, déplacés internes rencontrent d’énormes difficultés pour accéder aux terres cultivables dans leur localité d’accueil.

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S’ils ne sont pas contraintes de louer des terres malgré leur situation de précarité, ils sont obligées de vivre de petits dons parce qu’ils n’ont plus d’espace de production.

« J’ai passé près de deux semaines à chercher avant de trouver une terre pour cultiver. Quand j’étais chez moi, l’agriculture était ma principale activité ». Ce sont là les propos de Nandja Balminte, personne déplacée interne (PDI) vivant à Bourdjoaré, village situé près de Borgou dans la Préfecture de Kpendjal au Nord du Togo.

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Cette année, face à la progression des groupes terroristes, il a fui son village Kpekpankandi, village frontalier avec le Burkina Faso. Les propos de M. Nandja illustrent bien la réalité de bon nombre de PDI pendant la saison d’hivernage.

Alors qu’ils étaient de grands producteurs agricoles dans leurs localité d’origine, les PDI se retrouvent maintenant dans une situation de vulnérabilité, ne vivant plus que dnaides alimentaires.

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En cette matinée du 16 juillet 2023, nous quittons l’ambiance du marché de Borgou, marquée par le vrombissement des engins. Direction Bourdjoaré, localité située à environ 5 km à l’est de Bourdjoaré, pour y rencontrer la famille de M. Nandja qui exploite moins d’un demi-hectare de terre.

« Quand j’étais chez moi, j’ensemblais au moins 6 hectares chaque année. Ce que je fais ici est insignifiant. Mais on n’a pas le choix. Que la paix revienne pour que nous puissions regagner nos villages », raconte M. Nandja.

Après cette rencontre avec notre premier interlocuteur, nous mettons le cap sur le village de Liongou. À la périphérie de cette localité, nous rencontrons M. Bambo Sankolgue et sa famille venues de Tchimouli, à 35 km de la commune de Borgou. Ils y louent des champs pour cultiver. Pour cette saison d’hivernage, ils se déplacent à près de 10 km à vélo ou à moto pour aller exploiter un champ. Et là aussi, il a fallu plusieurs semaines de négociations pour que le propriétaire terrien accepte de donner son terrain à ces déplacés. « Je suis allé voir un autochtone pour solliciter un terrain pour cultiver. Il m’a dit qu’il pouvait me céder le terrain à condition que l’on partage à moitié les récoltes. J’ai une grande famille à nourrir et le terrain est petit pour produire une quantité importante de céréales pour combler nos besoins alimentaires. Donc j’ai dû aller chercher ailleurs. Là où j’ai finalement eu un terrain, c’est à 10 km de notre maison. Je m’y rends parfois à moto ou à vélo. Mais mes femmes et mes enfants vont à pied », explique M. Bambo Sankolgue.

Si M. Bambo a pu obtenir un terrain cultivable gratuitement, un autre Bambo, Bambo Issifou, lui, n’a pas eu cette chance. Il est obligé de louer un lopin de terre. « Partout où on est allé demander un terrain pour cultiver, ils nous demandent de faire un geste (donner de l’argent). Certains nous disent de donner 15 000 FCFA, d’autres exigent 25 000 F.CFA », soutient M. Issifou, ajoutant que « si la superficie du champ était importante, ça irait. Mais avec cela, on est obligé de faire de petits travaux, comme être manœuvre, à côté. Et même pour trouver ces petits travaux, c’est compliqué ».

Les raisons de l’inaccessibilité des terres

Mante Douti, autochtone de Borgou âgé de 60 ans, dit avoir accueilli plus de trente personnes déplacées chez lui. Selon ce vieil homme, certains autochtones n’ont même pas de terres cultivables, à donner à un tiers. « J’ai accueilli successivement plus de trente (30) personnes déplacées. Actuellement, onze (11) sont toujours avec moi. Mais je n’ai pas pu leur donner de terres à cultiver, parce que je n’en dispose même pas », dit-il.

La voie de l’inclusion socioéconomique

L’Agence Nationale pour la Protection Civile (ANPC) préconise la poursuite de la sensibilisation auprès des hôtes, car chacun peut se trouver dans une situation inconfortable demain. Elle estime aussi que les ONG et les projets doivent appuyer davantage les personnes déplacées dans l’acquisition des facteurs de production.

Selon les statistiques de l’ANPC, il a été enregistré plus de 9 976 personnes déplacées dans la région des Savanes, dont 5 018 déplacées internes et 4 958 déplacées venant du Burkina Faso. Ces personnes sont accueillies et logées par 2 095 ménages répartis dans 35 villages différents au sein de 5 préfectures, dont Tône, Kpendjal-Ouest, Oti-Sud et Cinkanssé.

Diblo TAKINI (Correspondant AfreePress région des Savanes)

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