©AfreePress-(Lomé, le 06 oct. 2023)- Dapaong est une ville qui abrite environ 117 000 habitants répartis en vingt-quatre (24) quartiers. La ville de Dapaong est située à l’extrême nord du Togo à plus de 600 kilomètres de la capitale, Lomé.
Son réseau d’eau approvisionne environ 65 % de la population à travers des branchements particuliers et des bornes fontaines. La gestion et l’entretien de ces branchements connaît de sérieuses perturbations et présente actuellement, des dysfonctionnements ayant pour conséquence, la cherté de l’eau, et parfois, la fermeture des bornes fontaines pour causes d’impayés.
La situation géographique de cette ville et les difficultés d’accès aux ressources en eau, sont aussi source de conflits, obligeant une grande partie des habitants à avoir recours à des solutions privées comme la construction de puits, de forages et à des sources d’eau à l’air libre, les exposant aux maladies hydriques.
Des solutions venues du gouvernement et de ses partenaires
Fort de ce constat, le gouvernement s’est lancé dans un vaste programme de construction d’infrastructures devant faciliter l’accès de ces populations à des ressources en eau de qualité et à améliorer durablement l’accès au service d’eau potable du réseau de la ville. Il y a eu, à cet effet, le rétablissement d’un service public de l’eau performant au niveau des bornes fontaines (amélioration de la gestion, baisse du prix de l’eau), l’augmentation de l’utilisation de l’eau du réseau local (création et réhabilitation de bornes fontaines, campagne de sensibilisation), le renforcement des capacités de maîtrise d’ouvrages communaux (création d’une entité eau et assainissement au sein des services municipaux, formation, accompagnement).
Plusieurs projets ont également été lancés à l’instar du Projet Eau et Assainissement au Togo (PEAT), et le Projet d’Infrastructures et Développement Urbain (PIDU), dont les travaux ont officiellement démarré le 18 août 2023.
Les travaux d’extension du réseau d’adduction d’eau potable de la ville de Dapaong, qui sont en cours, se situent dans le cadre du projet d’Infrastructures et Développement Urbain (PIDU) et s’inscrivent dans la composante 1 de ce projet. Ils consistent en la pose de conduites d’eau pour desservir dix quartiers de la ville de Dapaong, à savoir les quartiers Dapaonkpergou, Nassablé, Worgou, MaogDjoal, Kpakoate, Toumone, Nadegré, Napiembougou, Kombonloaga, et Koutong Bong. L’ensemble du réseau couvrira une distance de 45 km, a-t-on appris.
Un soulagement en soi, pour les habitants des quartiers identifiés. « Nous manquons de mot pour remercier nos autorités, en premier lieu, le chef de l’État pour cette initiative qui va un peu alléger les peines de nos femmes. Nous sommes vraiment soulagés », a vivement témoigné, Djiwa Lardja habitant au quartier de Koutong Bong.
« Le premier jour où les ouvriers sont venus pour démarrer les travaux, c’était comme un rêve pour nous. Tous les habitants de notre quartier sont sortis pour observer ce qui se passait. Que Dieu bénisse le président de la République. Fini donc les corvées d’eau. Ce puits là-bas, c’est ce qui nous alimentait. Il y a aussi un forage devant où on puise de l’eau pour la consommation », a indiqué le très enthousiaste, Sambiani Evariste de Boumonga.
Obtention des compteurs d’eau
En dépit des nombreuses politiques décidées en vue de faciliter l’accès aux ressources en eau potable, la ville de Dapaong continue de faire face à ses problèmes de manque d’eau. Dans les quartiers où les travaux ont été déjà effectués, les populations continuent d’éprouver d’énormes difficultés liées à la disponibilité des compteurs d’eau. Un véritable casse-tête pour les ménages.
La Togolaise des Eaux, qui est la seule société de distribution de l’eau de la région, éprouve de la peine à satisfaire les besoins en branchement de la population. Les plaintes continuent d’affluer dans ses bureaux et les ménages s’impatientent.
« Les demandes de branchements peuvent durer plusieurs mois, voire plus d’une année. Certains dossiers sont en souffrance à la TDE depuis des années. Nous voulons que l’Etat nous fasse des branchements… avec notre propre argent aussi on ne peut pas avoir de l’eau à Dapaong ? », s’est emporté un habitant interrogé.
Pour avoir un compteur, il faut débourser au minimum, 135 000 F CFA. « J’ai déposé mon dossier avec une somme de 75 000 F CFA comme d’habitude. Et ça fait 3 mois que j’attends, je n’ai pas encore eu gain de cause. Je suis allé à la TDE, ils m’ont dit que ce qui manque, c’est le matériel. Ils m’ont demandé d’augmenter 50 000 afin d’avoir mon compteur à temps. Chose que moi j’ai refusé de faire, faute de moyens », a indiqué à AfrreePress, Jean Kolani du quartier Kpakoate.
Arrêt des travaux dans les quartiers Dapankpergou 1 et Mong Djoal
Les travaux débutés dans le cadre du projet PEAT Eau et Assainissement au Togo, financés par la Banque Mondiale, évoluent à pas de caméléon. La réalisation des travaux d’extension d’eau dans la ville de Dapaong, démarrée au mois de février 2023, a été suspendue sans raison, laissant les gens dans le désarroi.
Les gens ignorent les raisons de la suspension de ces travaux ce qui fait le lit de toutes les supputations. Pour certains, cet arrêt trouve ses raisons dans le manque de ressources financières pour la poursuite des travaux. Ce qui ne s’explique pas puisque le projet a été doté de ressources en amont avant son démarrage.
Au quartier Mongdjoal, les tuyaux et le matériel sont laissés à l’air libre à la merci des voleurs et des risques de dégradation. Les plastiques et autres détritus utilisés, jonchent les rues, accompagnés de monticules de sable et de fers rouillés.
Et pourtant la localité est en pleine saison pluvieuse. Sur les lieux, aucun ouvrier n’est visible, ni leurs engins, témoignant de l’abandon des travaux qui avaient pourtant suscité beaucoup d’espoir auprès des habitants. Les derniers ouvriers, nous confient les témoins, ont déserté les lieux vers la fin du mois d’août de cette année, chassés par la faim.
« La première équipe d’ouvriers était partie à peine un mois après le début des travaux, une seconde vague est arrivée par la suite. Elle aussi n’a pas tenu longtemps et vient de quitter le chantier il y a bientôt trois semaines », indique à l’Agence de presse AfreePress, un leader des associations de quartier qui soutient qu’il s’agit de la faim qui est arrivée à bout de la détermination et de l’envie de ces ouvriers, de travailler.
Contacté au téléphone, l’un de ces ouvriers explique : « Aujourd’hui, nous avons des impayés. Les ouvriers ont dû se débrouiller chacun comme il peut pour rejoindre sa famille à Kara. Nous avons des familles à nourrir, on ne peut pas continuer comme ça ». Un autre indique ceci : « j’ai dû utiliser mes propres sous pour certaines dépenses ».
A Dapaong, la colère monte, la population est en courroux et digère mal cette situation. Que faire pour arranger les choses? La question est posée aux décideurs.
Olivier ADJA et Diblo TAKINI
